Les nageurs et nageuses de cette piscine, que l’on surnomme "là en
bas", ne se connaissent qu'à travers leurs routines et leurs petites manies.
Ils et elles y viennent à heure fixe pour se libérer des fardeaux de "là-haut" en
parcourant inlassablement les longueurs du bassin.
Au sein de cette communauté, il y a Alice, technicienne de laboratoire à la
retraite, au premier stade de la démence. Elle vient nager parce qu’elle le fait
depuis toujours. Ici tout le monde veille sur elle.
Un jour, une fissure apparaît au fond du grand bain et en annonce d’autres,
celles de sa mémoire. La piscine continue de craqueler et Alice oublie chaque
jour un peu plus. La fermeture prochaine du bassin sonne comme un clap de
fin. Sa fille tente de sauver ce qui peut l'être mais la maladie n’est pas
temporaire. Elle est évolutive, inguérissable et irréversible. Le thé vert infusé
avec du ginkgo biloba n’y changera rien et les prières ne seront d’aucune
efficacité.
Il est temps de prendre des dispositions. Le prochain refuge d’Alice sera
Belavista, une résidence privée spécialisée dans les troubles de la mémoire,
accueillant des patients en long séjour, et située à la place d’un ancien parking
en bordure d’autoroute, à quelques minutes du centre commercial Shop 3000.
La ligne de nage est un récit mélancolique mais heureux qui se déploie
en choeur avec humanité et vitalité. La piscine ou Belavista sont aussi bien des
espaces mentaux que des petits théâtres où s'expriment les voix d’une
communauté. On y convoque le banal et le mystère pour mieux montrer que ce
sont nos penchants ordinaires qui font que nous sommes des êtres
extraordinaires.
Lecture au Théâtre Paris-Villette le 3 octobre 2024
texte
Julie Otsuka
traduction
Carine Chichereau (Gallimard 2022)
conception
Sylvain Gaudu et Antoine Gautier
adaptation et mise en scène
Sylvain Gaudu
scénographie et création lumière
Antoine Gautier
création sonore
Jean Galmiche
avec
Simon Copin
Anne-Charlotte Dupuis
Camille Pellegrinuzzi
François Podetti
production Le pavillon 33
co-productions EMC91 de Saint Michel sur Orge,
avec le soutien du Théâtre Le Hublot de Colombes, du Théâtre de Chambre 232U d’Aulnoyes-Aymeries
la compagnie est soutenue par la Ville de Colombes